Il est difficile de faire comprendre aux étudiants que l’emploi des symboles
Le problème provient en partie du fait que toute notation en mathématiques doit être définie de manière unique. Ainsi
On va cependant voir qu’il est possible de définir la racine carrée et le logarithme d’un complexe de manière unique mais on rencontre alors de nouveaux écueils.
Racine carrée
Le symbole
En ce qui concerne les complexes, la situation initiale est la même : si
On peut néanmoins définir une relation d’ordre total sur
L’ordre lexicographique permet alors de parler de complexe positif, c’est-à-dire plus grand que
On pourrait alors définir la racine carrée d’un complexe
Malheureusement, l’ordre lexicographique sur
Cette définition de la racine carrée pose également des problèmes de continuité. Par exemple, on vérifie aisément que pour
On pourra se convaincre du problème de continuité avec l’applet suivante. Déplacez le point d’affixe
Logarithme
On sait que tout complexe non nul admet une infinité d’antécédents par la fonction exponentielle. Plus précisément, tout complexe non nul
Par contre, tout nombre complexe non nul admet un unique argument dans l’intervalle
Cependant cette définition du logarithme ne permet pas d’assurer sa propriété caractéristique pour les réels, c’est-à-dire sa capacité à transformer les produits en sommes. En effet, l’argument principal d’un produit n’est pas toujours la somme des arguments principaux. Par exemple,
Mais comme on utilise l’argument principal pour la définition du logarithme :
Ainsi
De toute façon, il se pose à nouveau des problèmes de continuité. En effet, pour
L’applet suivante montre encore le problème de continuité lorsque le point d’affixe
Conclusion
On a vu comment définir des racines carrées et des logarithmes de complexes de manière unique mais on a vu également que cela posait ensuite des problèmes par la suite car des propriétés algébriques et de continuité des fonctions racine carrée et logarithme n’étaient plus assurées. Il était évidemment possible de définir autrement la racine carrée et le logarithme d’un complexe4 mais on aurait constaté qu’on retombait sur les mêmes problèmes.
D’un point de vue très pragmatique, l’emploi des symboles
-
Cela revient à choisir pour la racine carrée d’un complexe
non nul l’unique complexe dont le carré vaut et dont un argument appartient à l’intervalle . En effet, les deux racines carrées d’un complexe non nul étant opposées, l’une et l’une seule d’entre elles possède un argument dans l’intervalle , ce qui se conçoit très bien d’un point de vue géométrique. ↩ -
Le lecteur vérifiera cependant que l’ordre lexicographique est compatible avec l’addition, autrement dit que pour tout triplet
, si , alors . ↩ -
Néanmoins si
et sont deux complexes, on peut affirmer que les complexes et sont égaux ou opposés. ↩ -
On aurait par exemple plus racine carrée d’un nombre complexe
l’unique complexe dont le carré vaut et dont un argumment appartient à l’intervalle . Cela revient à modifier l’ordre lexicographique : on compare d’abord les parties imaginaires puis les parties réelles. Quant au logarithme d’un complexe non nul, on aurait pu choisir l’unique complexe dont l’exponentielle vaut et dont l’argument appartient à l’intervalle . ↩